Lorenzo Pagliei et Steven Schick au Centre Pompidou

TRIBUNE

Un choc. À notre sens, le deuxième grand choc de ManiFeste après Scardanelli-Zyklus de Heinz Holliger donné en ouverture. Cet inouï, on le doit au compositeur italien Lorenzo Pagliei, qui dans Voir-Toucher apporte un grand souffle nouveau aux recherches effectuées à l’Ircam. Jouée par quatre musiciens (Daniel Ciampolini, Benoît Maurin, Gianny Pizzolato et Pierre-Olivier Schmitt), l’œuvre offre du jamais entendu et même du jamais vu, puisque Voir-Toucher, comme son titre l’indique, orchestre la rencontre entre deux formes d’instruments.

geecos2© Florian Leger

« Voir » donc : par un capteurs de gestes dont les données sont réinjectées comme paramètres dans un cadre déterminé par le compositeur, un musicien utilise ses gestes pour créer des sons. Sur scène, on le voit tour à tour chef d’un orchestre imaginaire, élaborant des tours de magicien ou bien calligraphiant une toile invisible. La trouvaille de Lorenzo Paglei (assisté de Lorenzo Bianchi pour la réalisation informatique) ouvre un champ de recherches majeur pour l’Ircam et permet même de réaliser un vieux rêve de l’homme : un corps qui devient lui-même instrument de musique.

geecosGianny Pizzolato © Florian Leger

« Toucher » n’est pas en reste : Lorenzo Pagliei et le luthier Ludovic Barrier ont imaginé non pas un, mais trois instruments, appelés Geecos (pour Gestural Control Surface). Ce sont des morceaux de bois de tailles différentes (le plus gros a la taille d’une contrebasse) artistement sculptés, que les musiciens grattent, frappent, frottent pour produire d’hallucinants sons électroniques. Le compositeur annonçait dans le programme ne pas vouloir faire des sons de synthèses reconnaissables. L’expérimentation est ici pleinement réussie. On a affaire à un prototype qui suscite l’admiration. Un coup de maître vraiment.

En deuxième partie de programme, le percussionniste Steven Schick offrait un euphorisant récital avec des chefs d’œuvres pour percussion solo (extraordinaires Rebonds et Psappha de Xenakis !). On en ressort avec l’envie de faire de la musique avec tout ce qui nous tombe sous la main. Une merveilleuse soirée.

schickSteven Schick © Delphine Oster

Concert Percussion 2013, mercredi 12 juin, Centre Pompidou

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